Amadou est commerçant et vit à Ouassa. Chaque jour Amadou ne manque de faire toutes sortes de prières pour prospérer dans les affaires. Un jour, une opportunité. Une opportunité d’affaire se présente à Amadou. Une société, nous l’appellerons XB, basée à Cotonou veut des produits tropicaux notamment du soja. Pour la société XB, Amadou est la personne la mieux indiquée pour l’aider à avoir la quantité de soja dont elle a besoin. Le contrat est signé entre la société XB et Amadou. La société XB contracte des prêts auprès des Banques. Amadou reçoit 10 millions pour la campagne agricole 2022, puis 21 millions pour la campagne 2023, soit près de 31 millions. Fin novembre 2023, Amadou livre à la société XB des sacs de soja. Mais... Tout calcul fait, au niveau de la comptabilité de Société XB, Amadou reste devoir des sacs de soja estimé à 13 millions 18.551F. Toutes les tentatives pour rentrer en possession desdits sacs sont vaines. Amadou est arrêté et présenté au tribunal de première instance de Natitingou ce jeudi 18 janvier 2024 en présence du représentant de la société XB. Le président : La Société XB représenté ici par monsieur Jacques dit que vous devez des sacs de soja qu’il a estimé à 13 millions, reconnaissez-vous les faits ? Amadou : Monsieur le président, je ne reconnais pas les faits. Le président invite Jacques à la barre Président : Monsieur Jacques que s’est-il passé ? Jacques : Nous avons remis à Amadou 10 millions 500 mille pendant la campagne agricole 2022, il nous a livré pour 6 millions. Il reste 4 millions 500 mille. Au cours de la campagne suivante, il a reçu 23 millions 500 mille et il nous a livré pour 15 millions. Devant le juge d’instruction, il a reconnu nous devoir 10 millions et chacun devrait apporter la preuve de ce qu’il affirme. J’ai les preuves qu’il nous doit 13 millions 18.551 francs et il a dit qu’il a ses preuves aussi. Président : Monsieur Amadou reconnaissez-vous leur devoir 10 millions ? Amadou : Oui monsieur le président Président : Supposons que c’est 10 millions. Qu’est ce qui explique que vous n’ayez pas livré la totalité des marchandises ? Amadou : J’achète les produits chez les bonnes dames et les producteurs. Il faut des avances pour garantir et espérer qu’on me livre les produits. J’ai demandé du temps jusqu’en janvier-février, parce qu’on est en période de fêtes et c’est très difficile de récupérer tout ce que j’ai. Je pourrai rembourser jusqu’à 90% de ce que je dois. Les prix varient sur le marché et on est obligé d’acheter un peu plus que prévu. L’autre chose c’est que, quand on charge un camion de 50 tonnes on peut décharger moins de 50 tonnes. Les produits pèsent au départ mais avec le temps et le transport on perd le poids parce que c’est quand le camion est déchargé que vous êtes libéré. Président : Et comment comptez-vous rembourser cette somme ? Amadou : Ce n’est pas le seul produit que j’achète. J’achète également les noix de karité que je stocke, et j’ai des parcelles aussi à Parakou que je peux vendre. Je cherche des acheteurs. J’ai apporté aujourd’hui 2 millions. Un des collaborateurs d’Amadou avance à la barre avec 2 millions de francs CFA dans les deux mains et les tend à Jacques. Après hésitation, Jacques accepte la somme. Au moment où il se met à compter, le ministère public fait ses réquisitions en ces termes : Monsieur Amadou se retrouve dans des faits auxquels nous sommes habitués, il a reçu près de 31 millions de franc et il n’a pu livrer à ses partenaires une partie du tonnage qui était prévu. Tout calcul fait à leur niveau ils ont estimé qu’il restait encore devoir un certain nombre de sacs et cela équivaut à 13. 018. 551 francs CFA. Monsieur Amadou conteste la somme qui lui est demandé et ne reconnait que 10 millions 500 mille. Il demande de lui accorder une liberté pour qu’il recouvre ses créances. Il a essayé de dédommager la victime à hauteur de 2 millions de francs ce jour. 2 millions de francs sous nos cieux ce n’est pas évident, vous avez vu ici des personnes qui devaient 250.000f et qui étaient incapables d’apporter quelque chose, il a essayé… Amadou fond en larmes et essuie ses larmes à l’aide de sa main gauche devant un public silencieux et attentif. Le président intervient. Le président : ça ne vous aide pas monsieur Amadou et vos pleurs ne vous aident pas non plus. Le ministère public continue : …. La loi est ce qu’elle est. Monsieur Amadou est dans cette situation-là. Il n’a pas pu faire attention et n’a peut-être pas fait de bons choix. Monsieur le président, dans ce genre d’affaires, il faudrait être dur et faire très attention. Il est important que les deux parties se retrouvent pour faire les décomptes et mieux s’accorder sur le montant. C’est pour cela que nous accédons à notre niveau à sa demande de mise en liberté provisoire sous caution de 250.000 CFA. Président : Monsieur Jacques, avez-vous quelque chose à dire ? Jacques : Les preuves que monsieur Amadou doit effectivement 13.018.551 F existent et la société est sous la pression des banques et c’est pour cela qu’elle s’est confiée à la justice. Si la liberté provisoire lui est accordée et elle ne rentre pas en possession de la somme à qui va-t-on s’en prendre ? Le président prend la parole et ordonne la mise en liberté provisoire de monsieur Amadou sous caution de 1 million de francs CFA et renvoie l’affaire au 6 mars 2024 pour délibération. Amadou va être libre jusqu’en mars s’il verse la somma de 1 million de francs à titre de caution. Peut-être arrivera-t-il à mobiliser le reste de somme due à la société XB ? M’Bodaloba N’TCHA
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