Tossou, nous l’appellerons ainsi, 40 ans environ, est ambulancier dans une ONG. Ce mois de juin 2023, Tossou est sollicité par sa structure pour transporter une malade d’un centre de santé privé à Akassato au CNHU de Cotonou. Lors du trajet, à hauteur de l’université d’Abomey-Calavi, l’ambulance tombe en panne. En panne sèche. Il n’y a plus d’essence dans le réservoir. Tossou doit vite trouver du carburant. Il s’approvisionne en carburant. Pendant que Tossou essaie de régler la panne d’essence, la patiente transportée décède. Les parents de la patiente portent plainte contre Tossou pour homicide involontaire. Tossou est convoquée à la police, déférée, puis placé en détention provisoire en attendant son jugement. Tossou comparaît pour la première fois le jeudi 12 octobre 2023. Il rejette la responsabilité du décès sur les parents de la défunte. Il indique devant le juge, avoir préalablement averti les parents ne plus disposer d’assez de carburant pour se rendre jusqu’à Cotonou et a sollicité leur contribution pour en acheter. Les parents de la victime nient avoir été avertis et sollicités par Tossou. L’affaire est renvoyée pour complément d’enquête et Tossou maintenu en détention provisoire. Ce jeudi 2 novembre, Tossou comparaît à nouveau. Une nouvelle personne est là également. Il s’agit du représentant de l’ONG, employeur de Tossou. Le représentant de l’ONG expose à la barre que Tossou n’est qu’un exécutant. Il indique que Tossou revenait d’une urgence quand il avait été sollicité pour transporter la victime au CNHU de Cotonou. Le représentant de l’ONG ajoute qu’en pareilles circonstances, le mode de fonctionnement consiste parfois à solliciter la contribution des parents pour pouvoir gérer l’urgence. Tossou quant à lui explique à nouveau que c’est la sage-femme du centre de santé qui l’a sollicité pour conduire la malade. Il rappelle que c’est le mari de la défunte qui lui a fait constater le décès de son épouse au moment de l’approvisionnement en carburant du véhicule. - « Quand je te l’avais dit, est-ce que ta mission est de te retourner ? » interroge le mari de la défunte à la barre. - « et toi, ta mission est de dire que la malade est décédée ? Tu es médecin ? » Réplique Tossou, le prévenu. L’avocat de Tossou plaide pour la mise en liberté provisoire de son client. Il soutient l’inexistence de preuves quant au lien entre le décès de la victime et le retard dû au défaut de carburant. L’avocat soutient également que le prévenu n’est qu’un exécutant. Il rajoute que c’est d’ailleurs son client qui a sorti l’argent de sa poche pour acheter du carburant au moment de la panne sèche. « ce n’est pas lui qui doit approvisionner l’ambulance, mais c’est plutôt le centre de santé » a défendu l’avocat. Après les différents témoignages, le ministère public requiert la mise en liberté provisoire de Tossou. Le procureur de la République entend poursuivre les responsables du centre de santé et d’autres personnes impliquées dans l’affaire. Le président du Tribunal ordonne la mise en liberté provisoire de Tossou et lui dit qu’il peut rentrer chez lui. L’affaire est renvoyée à l’audience du 9 novembre 2023. D’un air inoffensif, regard plutôt anxieux, Tossou, chauffeur de profession et ambulancier, se frotte les deux mains. Il quitte la barre. Un début de soulagement pour lui après quatre mois passés à la prison civile d’Abomey-Calavi. |
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