Pour avoir voulu rendre service, Mickaël se retrouve à la barre.

Luc, 28 ans, est un jeune homme de taille courte qui a de l’embonpoint. C’est un homme marié et père d’un enfant. Conduit au tribunal pour être jugé, de tous les prisonniers, Luc est le mieux habillé. Il affiche une certaine aisance.
 
Mickael un jeune apprenti, résidant à Abomey âgé de 21 ans environ. Pour aller à son travail, chaque matin, Mickael passe devant une vendeuse de pain. Il ne la connait ni d’Adam, ni d’Eve mais il la salue toujours poliment. Surprise par la politesse du jeune homme, la dame et Mickael ont fini par sympathiser.
 
Un jour, la dame, la vendeuse de pain demande à Mickael de lui rendre un service. Il s’agit d’aller remettre un colis à son enfant en prison. Mickael, bien que n’ayant pas envie de rendre un tel service, n’a pas su dire non. Le colis a été préparé et remis à Mickael qui doit le remettre à Luc. La dame est en effet la mère de Luc.

Luc est en prison pour une infraction que nous ne connaissons pas.
 
Mickael se rend à la prison civile d’Abomey. Une fois sur place, il demande à voir Luc. Au moment où les policiers se mettent à fouiller ce que Mickael a amené à Luc de la part de sa mère, ils découvrent à la surprise générale un téléphone portable et un Wifi.
 
Arrêté pour complicité de manquement aux règles des prisons, Mickael est présenté au procureur et déposé en prison en attendant son jugement avec Luc
 

TPI d'Abomey

​A l’audience
 
Le président s’adressant à Mickael : Monsieur, il vous est reproché d’avoir aidé Luc à avoir un téléphone et un wifi en prison, expliquez-nous. Que s’est-il passé.
 
Mickael : Non président, c’est la mère de Luc qui m’a envoyé pour lui remettre un colis, je ne suis pas un complice.
 
Président : Ne connaissiez-vous pas Luc auparavant ?
 
Mickael : Non je ne le connais pas.
 
Président : Combien la mère vous a-t-elle promis pour le service ?
 
Mickael : Non, elle ne m’a pas parlé d’argent
 
Président : Etes-vous sûr que ce n’est pas par intérêt que vous avez fait cela ?
 
Mickael : Non président, croyez-moi !
 
Président : Descendez monsieur. Monsieur Luc à la barre
 
Président : Connaissez-vous monsieur Mickael avant ?
 
Luc : Non
 
Président : Pourquoi avoir demandé à votre mère de vous envoyer un téléphone et un wifi ? 
 
Luc :  Non pour rien
 
Président : C’est pour continuer l’activité pour laquelle on vous a arrêté ou bien ?
 
Luc : Non monsieur le président !
 
Président : Etes-vous en état monsieur le procureur ? 
 
Procureur : OUI monsieur le président ! en considérant les faits, monsieur le président, j’en suis arrivé à cette conclusion. Il est clair que l’infraction est constituée pour monsieur Luc et je demande que le tribunal le condamne à 3 mois d’emprisonnement ferme. A l’inverse, je ne demande pas une condamnation à de l’emprisonnement ferme pour monsieur Mickael. Je demande que ce dernier soit condamné à une amende de 100.000F à verser au trésor public.
 
Le président tranche : Le tribunal statuant publiquement et contradictoirement en matière pénale et en premier ressort retient le nommé Luc dans les liens de la prévention d’inobservation des règles de la prison, le condamne à 3 mois d’emprisonnement ferme. Quant au nommé Mickael, le tribunal le relaxe au bénéfice du doute sans frais.
 

Esaîe DAAGUE
Journaliste - chroniqueur judiciaire