Paulin est un jeune homme âgé de 35 ans, père de 6 enfants. Sans boulot, Paulin est dans l’incapacité de nourrir sa famille. Il décide donc de confier sa fille de 13 ans, à la troisième épouse de son père qui est polygame avec trois femmes. C’est ainsi que la petite Grâce se retrouve chez Elisabeth, sa belle grand-mère, soit la marâtre à son père. De taille courte, forme ronde, âgée de 45 ans, Elisabeth la belle grand-mère de Grâce est une commerçante. Cela fait déjà trois ans que Grâce est placée chez Elisabeth qu’elle appelle mémé. Grâce est la première à se lever pour faire quasiment tous les travaux et elle est toujours la dernière à se coucher. Malgré son dévouement à la tâche, Grâce essuie tous les jours injures et humiliations. Les gifles et autres coups de fouets ne manquent pas non plus. Celle que Grâce appelle sa « mémé » la maltraite. Un jour, dépassée par toute la souffrance, Grâce s’enfuit de chez sa mémé. Grâce a disparu dans la nature. Mais sa disparition n’émeut pas plus que cela Elisabeth qui en informe Paulin en des termes plutôt surprenants. « Eh, Paulin, depuis le matin, je n’ai pas vu ta fille. Je ne sais pas où elle est partie. Il faut que tu cherches ta fille hein » Surpris et énervé par l’attitude d’Elisabeth, Paulin va directement porter plainte au commissariat. Elisabeth est interpellée, déférée, puis déposée en prison pour deux semaines en attendant son jugement. Le procureur de la République a donné instruction au commissariat de rechercher et de trouver Grâce avec l’aide de son père. Le 30 novembre 2023, comparaissait au tribunal de première instance de deuxième classe d’Abomey Elisabeth. A l’appel de son dossier Elisabeth se lève, marche avec beaucoup d’assurance et se présente à la barre. Elisabeth est toute maquillée et porte des lunettes transparentes. Une forme d’indifférence totale mais aussi de suffisance se dégagent d’elle. Paulin aussi se lève avec sa fille Grâce. Les deux se rapprochent également de la barre accompagnés d’un policier. Le président demande à Paulin de monter la barre. Président : Qui est pour vous la dame à votre gauche ? Paulin : C’est ma marâtre. Président : Comment se fait-il que votre enfant se retrouve à vivre auprès d’elle ? Sur quoi, vous êtes-vous mis d’accord ? Paulin : C’est sa grand-mère Président : Je l’entends bien. Mais que devait faire Grâce chez elle ? Pourquoi Grâce était-elle chez elle ? Paulin : C’est pour aider sa grand-mère. Le président demande au Procureur s’il a des questions à poser à Paulin. Procureur : L’enfant va-t-elle à l’école ? Paulin : Non Procureur : Est-elle au moins en apprentissage ? Paulin : Non « L’enfant qui a 13 ans n’est ni scolarisée ni en apprentissage. Normalement vous devriez être aussi en prison comme la dame » lance le procureur à Paulin. Le Président demande à Elisabeth de monter la barre. Président : Madame, que s’est-il passé ? Elisabeth : C’est du bien je suis en train de faire et je me suis retrouvé ici. La parole est à nouveau donnée au procureur de la République pour ses réquisitions. Le procureur : Monsieur le Président, nous allons considérer les faits. Conformément à la loi nous pouvons dire que l’enfant a été placé chez dame Elisabeth pour être exploitée. Vu l’âge de l’enfant, nous pouvons parler d’exploitation de mineur à des fins économiques puisque la prévenue est commerçante. Monsieur le président, je demande que le tribunal la condamne à 12 mois d’emprisonnement ferme et à 100.000 francs d’amende à verser au trésor publique. A la suite des réquisitions du procureur de la République le président s’est mis à écrire frénétiquement. Puis, subitement, il annonce la suspension de l’audience. Toute la salle est inquiète. Les uns et les autres se demandent si le père aussi allait être condamné. Après une dizaine de minutes de suspension, l’audience reprend. Le président appelle à la barre Elisabeth. « Madame, le tribunal vous déclare coupable d’exploitation de mineur et vous condamne à 12 mois d’emprisonnement ferme ainsi qu’à une amende de 100.000f à verser au trésor public. Si vous n’êtes pas d’accord, vous avez 15 jours pour relever appel ! » Esaïe DAAGUE
Journaliste - chroniqueur judiciaire |
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Décembre 2024
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