Adeline, une femme ronde, de teint clair et de taille courte réside à Abomey. Elle est commerçante. Elle est mère de deux enfants. Son allure fait penser qu’elle est une femme battante et qu’elle est plaine d’avenir. Adeline a eu une vie de couple. Mais cela n’a pas fonctionné. Elle s’est en effet séparée de son mari après une dizaine d’années de vie conjugale. Octave est l’ex-mari d’Adeline avec qui elle a eu ses deux enfants. C’est un homme élancé. Octave et Adeline habitent toujours le même quartier. Pendant qu’ils vivaient ensemble, Octave donnait des comprimés à Adeline pour qu’elle ne tombe pas enceinte. C’est une décision qu’il avait prise et qu’il imposait à sa femme. Celle-ci s’y soumettait religieusement. Elle devait obéir à son mari. Après leur séparation, Octave entreprend de dénigrer son ex- épouse dans le quartier où ils vivent tous les deux à Abomey. Octave raconte partout que pendant qu’ils étaient encore ensemble son ex-épouse n’arrêtait pas de prendre des comprimés, sans doute, parce qu’elle fréquentait plusieurs hommes. Il raconte partout dans le quartier qu’Adeline est de mœurs légères et qu’elle avortait sans doute régulièrement. Octave raconte aussi qu’il est persuadé qu’elle n’a pas changé et qu’elle continue sans doute de plus belle après leur séparation. Il mentionne régulièrement, comme pour cacher ses torts, qu’il est plutôt content d’avoir rompu avec une telle femme. Les mensonges véhiculés par Octave se répondent rapidement, comme une traînée de poudre et Adeline est désormais perçue dans le quartier comme une prostituée. Certains hommes n’hésitent même pas à lui faire des propositions indécentes et les femmes chuchotent entre elles à son approche. Adeline se rend compte qu’il y a des choses qui ne vont pas. Elle s’interroge. Un jour, elle apprend ce qui est raconté à son sujet par son ex-mari. Adeline est effondrée. Comment a -t-il pu la faire passer pour ce qu’elle n’est pas du tout. Comment a-t-il pu salir sa réputation. Comment a-t-il pu la salir autant ? Adeline se sent perdue. Elle, qui est si battante. Elle qui travaille si tant sans aucune aide de qui que ce soit pour prendre en charge ses deux enfants. Désormais tout le monde pense que sa réussite s’explique par des pratiques peu orthodoxes. Adeline prend son courage à deux mains et décide de laver l’affront qui lui a été fait par Octave. Adeline porte plainte contre son ex-mari. Adeline veut que son honneur soit rétabli. Une enquête est ouverte et conduit Octave à la barre du tribunal de première instance de deuxième classe d’Abomey La salle d’audience est remplie de monde. Le président d’audience veut préserver l’intimité d’Adeline. Ils demandent aux ex-époux de ne pas se mettre au micro et d’approcher. Visiblement le président voulait une certaine discrétion mais le procureur demande au président d’envoyer Octave au micro car il a quelques questions à lui poser. Procureur : Monsieur, combien d’enfants avez-vous avec cette dame ? Octave : Deux enfants Procureur : Est-ce la vérité tout ce que vous avez eu à raconter à son sujet ? Octave : Non. Procureur : C’est un péché monsieur Octave ce que vous avez fait. Une femme qui vous a fait des enfants, vous vous permettez de la dénigrer publiquement pour ce qu’elle n’a pas fait. Sachez qu’en dénigrant dette dame qui a été votre épouse, vous dénigrez vos enfants et vous vous dénigrez vous-même. Dites-moi, combien donnez-vous par mois à cette dame pour s’occuper des enfants ? Octave : Je lui donne 10.000f par mois Procureur : Ah. C’est donc avec 10.000 francs que vous vous nourrissez par mois ? Vous n’êtes pas sérieux ! Monsieur le président, je suis prêt pour mes réquisitions. Président : Monsieur Octave, ce que vous avez fait n’est pas bien ! Monsieur le procureur, vous pouvez aller pour vos réquisitions. Procureur : Monsieur le président, c’est avec beaucoup de tristesse et de sensibilité que je constate que ce monsieur a dénigré la mère de ses enfants. Il a raconté sur elle des choses qu’elle n’a pas faites. Il a sali sa réputation. Il a oublié que la valeur d’une femme, comme d’ailleurs de toute personne, est dans sa réputation. Monsieur le président, la dignité de la femme est très chère. Je demande que le tribunal déclare coupable le sieur Octave de diffamation et le condamne à trois mois d’emprisonnement ferme pour que cela serve de leçon à tous ceux qui seraient tenter d’agir comme lui. Le président, tout en souriant, demande au procureur s’il demande que soit également confirmé son mandat de dépôt. Après une suspension d’audience de 5 minutes environs, l’audience reprend. Le président invite les deux ex-époux devant lui. Il demande à Octave de monter la barre et se met à écrire. Pendant ce temps les membres de la famille d’Octave ont les mains sur la tête et attendent avec beaucoup d’inquiétude la décision finale du président. Le président prend la parole et condamne Octave à 6 mois d’emprisonnement assorti de sursis et à 100.000 francs d’amende. Esaîe DAAGUE
Journaliste - chroniqueur judiciaire |
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Décembre 2024
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