Alamou la trentaine, taille et corpulence moyenne, teint bronzé est emprisonné à la prison civile de Parakou depuis déjà deux semaines. Alamou, marié et père de deux enfants était à la barre le jeudi 22 février au tribunal de 1ère instance de première classe de Parakou. L’homme comparaissait dans une affaire où il y a deux victimes, deux femmes. Les deux femmes reprochent à Alamou de leur devoir 600 milles francs, un cumul de leurs deux parts de tontine auprès de ce dernier. Alamou est en effet un tontinier, pour dire simplement, Alamou est un agent ambulant d’épargne. L’homme passe chez ses clients pour leur prendre la somme journalière que ceux-ci décident d’épargner. Alamou exerce ce métier depuis près de cinq ans. Il travaillerait pour une dame qui l’emploie et n’a aucun souci avec qui ce soit. Alamou rendrait compte régulièrement à sa patronne des entrées et fait les versements. Alamou respecte aussi le contrat avec ses clients. Quand le temps vient pour un client de récupérer son épargne Alamou la lui verse dans le strict respect du contrat qui les lie. Seulement en fin d’année 2023, Alamou n’a pu respecter cette fois-ci les termes de son contrat avec deux dames. Alamou devait leur rendre leur épargne mais n’y est pas parvenu. Au bout de leur patience que Alamou a souvent sollicité pour régler la situation, les deux dames ont fini par porter plainte. Alamou est interpellé et envoyé en prison. Devant le tribunal, après l’exposé des faits par les deux plaignantes, Alamou plaide coupable et dit être victime aussi. Alamou à la barre répond aux questions du président. Président : Monsieur Alamou, reconnaissez-vous les faits tels que racontés par ces dames ? Reconnaissez-vous leur devoir une somme de 600.000 francs ? Alamou : Oui oui monsieur le Président, je reconnais leur devoir cette somme. Président : Qu’est ce qui se passe alors ? Pourquoi ne leur restituez-vous pas leur épargne ? Alamou : Le problème, c’est que je n’ai pas l’argent sur moi. Je travaille pour une dame et c’est à elle que je verse l’argent pris chez les clients qui épargnent chez nous. Quand les dames m’ont réclamé leur épargne, je lui ai fait le point pour qu’elle m’envoie les sous et que je les leur remette. Malheureusement elle me dit qu’elle va envoyer et rien depuis. Le comble, c’est que depuis le début de l’année la dame a disparu. Elle n’est plus visible nulle part, plus aucun contact d’elle, elle est désormais sans trace. Président : Etes-vous allé chez elle ? Alamou : Oui. Je suis allé dans la concession où elle vivait. On m’a dit qu’elle a déménagé et personne n’a pu me dire sa destination. Le procureur prend alors la parole et interroge Alamou. Procureur : Est-ce sur un compte que l’argent que vous prenez chez les clients est versé ? Alamou : Non monsieur le procureur, je lui envoie l’argent sur son compte momo. Procureur : Prenez-vous au moins le soin de déposer l’argent sur votre propre compte et de le lui transférer de votre numéro ? Alamou : Non monsieur. J’ai très souvent, pour ne pas dire presque toujours, fait des opérateurs de crédit. Procureur : Quelles preuves valables détenez-vous pour nous convaincre que le versement est régulièrement fait à votre supposée patronne ? Alamou : J’ai un cahier où je note chaque fois la transaction que je lui fais. A la suite de cette affirmation de Alamou, le président prend la parole et demande aux victimes ce qu’elles réclament. Successivement les deux victimes disent qu’elles veulent leur argent. Le président invite de nouveau Alamou à monter la barre Président : Mais, est-ce que dans votre cahier votre patronne signe pour attester qu’elle vous a pris effectivement telle ou telle autre somme ? Alamou : Non monsieur le président. Président : Monsieur Alamou, vous voyez que rien ne nous atteste officiellement que vous envoyez régulièrement les fonds récoltés à votre supposée patronne ? Comment vous pouvez brasser des millions sans avoir la prudence d’en avoir une traçabilité ? Ce n’est pas du tout sérieux de votre part. C’est votre parole contre l’absence de votre supposée patronne. Rien ne laisse entrevoir la véracité de vos affirmations. Sur ces mots du président, le procureur prend la parole et présente sa réquisition. Il demande que le prévenu soit retenu dans les liens de l’abus de confiance et qu’il soit condamné à 12 mois d’emprisonnement ferme et à des dommages et intérêts de 600 mille. Le président demande si le prévenu à quelque chose à dire. Alamou : Oui monsieur le président, croyez à ma bonne foi. Laissez-moi, je sors et je me battrai pour qu’au bout d’un an au maximum, je règle cette dette. Je suis une victime moi-même. Le président délibère et condamne le prévenu à 06 mois d’emprisonnement ferme et à 600 cent mille de dommages et intérêts. Kolawolé BIAOU
Journaliste - chroniqueur judiciaire |
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Décembre 2024
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