Jean un homme polygame, âgé de 40 ans, de taille courte a plusieurs enfants. Jean est agent d’entretien au tribunal d’Abomey. De temps en temps, Jean est sollicité par le président du tribunal pour lui faire quelques courses en ville avec le véhicule de service, puisqu’il a un permis de conduire. Jean est illettré mais dans son village, il est considéré comme un grand intellectuel puisqu’il travaille au tribunal et collaborateur du président du tribunal. En face des personnes qui ne connaissent rien du fonctionnement de la justice et de la loi, Jean n’hésite pas à se comporter comme un des chefs du tribunal d’Abomey. Et puis, il leur fait croire qu’avec lui, ils auront une solution à leur problème. Il a pour habitude prendre une somme fixée d’avance auprès des victimes en leur disant que celle-ci est destinée au président afin que leur affaire trouve rapidement une solution. Jean a fonctionné de la même façon avec l’un de ses beaux-pères qui avait un problème à régler au niveau de la justice. Jean lui a allègrement pris la somme de 50.000 francs. Après une année, et ne voyant pas son problème réglé, le beau-père, en courroux, se rend au tribunal pour dénoncer auprès du président, le comportement de Jean. Après avoir été écouté par le procureur, Jean se retrouve en prison en attendant son jugement. A l’ouverture de l’audience, le président d’audience interroge Jean à la barre. Président : Monsieur, il vous est reproché d’avoir escroqué le sieur ici présent en lui prenant la somme de 50.000 francs avec la promesse de solutionner rapidement son affaire devant la justice. Reconnaissez-vous les faits ? Jean : OUI je le reconnais ? Président : Etes-vous un officier de justice, un avocat ou un magistrat ? Jean : Non Président : Quelle compétence avez-vous donc pour aider quelqu’un dans une affaire devant la justice ? Jean : Je n’ai aucune compétence Président : Ou bien, c’est le président du tribunal qui vous a autorisé à lui prendre des dossiers ? Jean : Non président, croyez-moi ! Président : Un agent d’entretien qui est devenu un avocat ou juge, c’est intéressant. Après avoir interrogé la partie civile sur sa demande, le président accorde la parole au procureur pour ses réquisitions Procureur : OUI président ! en considérant les faits, monsieur le président, Il est clair que Jean est coupable d’escroquerie et je demande que le tribunal le condamne à 12 mois d’emprisonnement dont 6 fermes. Président : le tribunal statuant publiquement contradictoirement en matière pénale et en premier ressort condamne le nommé Jean à 6 mois d’emprisonnement dont 3 fermes et 50.000 francs de dommages et intérêts. Esaïe DAAGUE
Journaliste - chroniqueur judiciaire |
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Mars 2025
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