Ils sont au nombre de 9 jeunes, la majorité d’entre eux sont des artisans à savoir : maçon, soudeur, coiffeur. Mais certains sont sans profession. Ils ont entre 18 ans et 35 ans et ont été tous reconnus coupables de fraude durant la période du 22 au 24 avril 2024 où le Gouvernement béninois a lancé la phase sportive du recrutement militaire au titre de l’année 2024. Sept d’entre eux se sont présentés au tribunal de première instance de deuxième classe de Natitingou ce jour 8 mai 2024. A la barre, ils se sont alignés en gradin et le président du tribunal commence son interrogation par le plus petit en taille. Président : Monsieur, vous êtes reconnu coupable de fraudes avant et pendant le recrutement militaire reconnaissez-vous les faits ? Les prévenus répondent à tour de rôle qu’ils reconnaissent les faits. Président : Dites-nous comment ça s’est passé ? L’un d’eux, comme le ministère public l’a bien nommé, « le Papa » du groupe car un peu avancé en âge, a pu obtenir une carte de moins de 35 ans pour compétir. Les autres ont voulu compétir deux fois et ils ont déposé deux dossiers dans deux communes différentes afin de maximiser leur chance alors que cela est interdit. Le dernier quant à lui, il a usé de la ruse du livre c’est-à-dire qu’il s’est écrasé au sol en début de course, un taxi-moto l’a aidé par un raccourci pour s’infiltrer à quelques mètres de la fin de la compétition dans le groupe des premiers. Mais malheureusement pour lui, quelqu’un l’a aperçu et l’a dénoncé. Le président du tribunal invite le ministère public à poser ses questions et à faire ses réquisitions. Procureur : Il y a deux semaines l’Etat béninois a organisé le recrutement militaire. Beaucoup de jeunes ont participé. Malheureusement, certains ont tenté d’user de ruse en essayant de se montrer plus malins que les organisateurs. Certains se sont inscrits dans deux communes, l’un des candidats s’est écrasé au sol et un ‘’Zém’’ l’a aidé à s’insérer dans le groupe des premiers et par malchance, que dis-je, heureusement pour lui, il a été pris, car il n’est pas possible de dribler une balle d’un djihadiste avec l’aide d’un Zém, la salle éclate de rire. Quant au plus âgé, il a fait un exploit car il a pu dépasser certains jeunes. Il a assuré à son épouse que cette fois-ci, il allait réussir et il a tenu parole puisse qu’il n’était pas à son premier essai et il a pu fournir un vrai acte de naissance au lieu du faux. - La salle éclate à nouveau de rire. L’autre a fourni un diplôme de mécanicien alors qu’il ne l’était pas. Ils ont cherché à s’en sortir car ce n’est pas facile pour eux. Toutefois, aucune excuse ne peut être acceptée, car les éléments de fraudes sont constitués. C’est pour cela que je requiers 12 mois d’emprisonnement assortis de sursis et à une amende de 150.000 francs pour chacun. À la suite des réquisitions du ministère public, le président du tribunal accorde un dernier mot à chacun des 7 prévenus. A tour de rôle, les prévenus demandent pardon et promettent de ne plus recommencer. Le tribunal statuant en matière correctionnelle et en premier ressort condamne chacun des 7 jeunes présents à la barre à douze mois d’emprisonnement assortis de sursis et à une amende de 100.000 francs. Tous les 7 jeunes regagnent la rangée des prévenus. Ils seront libres une fois qu’ils auraient versé chacun au trésor public, les 100. 000 francs d’amende mis à leur charge. M’Bodaloba N’TCHA
Chroniqueur judiciaire LEGIBENIN |
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Décembre 2024
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